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H2 L'Europe entre restauration et révolution 1814-1848

H2 L'Europe entre restauration et révolution 1814-1848

Contextualisation

Après la défaite de Napoléon et le démantèlement de l’Empire en 1815, les monarques des puissances européennes se réunissent au congrès de Vienne (1814-1815) pour régler le sort de la France, redessiner la carte de l’Europe et reprendre le contrôle politique face aux peuples de plus en plus revendicatifs. Ils effectuent une restauration de l’ordre ancien : nom donné en France, en « Italie » et en « Allemagne » à la période 1815-1830 qui correspond au retour de monarchies autoritaires et conservatrices.

Mais cela n'empêche pas les idées révolutionnaires de circuler à travers le continent et de pousser les peuples à se soulever à plusieurs reprisesL'histoire de cette époque est ainsi celle de l'affrontement entre les défenseurs de l'ordre ancien et ceux qui rêvent de changements.

Comment l'Europe se reconstruit-elle dans un équilibre fragile entre la volonté des puissances d'établir un ordre européen stable et l'affirmation d'idées issues de la Révolution ?

I/ La reconstruction d'un ordre européen par le congrès de Vienne est-elle un rétablissement de l'ordre ancien ?

A- Une solution diplomatique, le "concert européen"

De septembre 1814 à juin 1815, les souverains qui ont vaincu Napoléon Ier se réunissent à Vienne, la capitale autrichienne. Metternich, le ministre des Affaires Etrangère de l’Autriche, pays hôte, est le grand organisateur du congrès. 140 Etats sont invités, mais les négociations sont menées essentiellement par les 4 grandes puissances

- Autriche

- Russie Alexandre Ier

- Prusse Frédéric-Guillaume III représenté par Hardenberg

- Grande-Bretagne Castlereagh

qui mettent en place ce qu'on a appelé le "concert européen", c'est-à-dire une concertation permanente entre les grandes puissances pour maintenir un équilibre et garantir la paix en Europe. Elles sont un peu perturbées par le bref retour au pouvoir de Napoléon que les armées alliées arrivent à vaincre à nouveau à Waterloo le 18 juin 1815. Les Cent Jours ont pour effet de durcir les conditions de paix pour la France.

Le congrès dit qu’il se fonde sur « l’ordre public » : c’est une reconnaissance d’un droit international.

Par ailleurs, l’ordre des signatures d’un traité ne sera plus dicté par la préséance – ce qui engendrait des querelles – mais suivra l’ordre alphabétique français.

La France est représentée par Talleyrand, ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII, dont les talents de négociateur lui permettent de réintégrer la France dans la diplomatie européenne.

Le congrès de Vienne est ainsi une certaine victoire de la diplomatie.

B- Les objectifs : en finir avec la Révolution

Activité : analyse d’un corpus documentaire sur le congrès de Vienne

  1. Acteurs et objectifs du Congrès de Vienne
  2. Les grandes puissances victorieuses de Napoléon veulent en finir avec la Révolution et accroître leur puissance : refus d’être encore menacées par la France et par les idées révolutionnaires ; volonté d’agrandir leurs territoires ; souci de trouver un équilibre entre elles qui assure paix et sécurité
  3. La France, représentée par Talleyrand, veut limiter les pertes : l’armistice est déjà signé et la perte des territoires ne semble pas supérieure aux conquêtes napoléoniennes ; Talleyrand souhaite redonner une place à la France dans le « concert européen » et éviter des sanctions trop lourdes
  4. De nombreux acteurs secondaires qui ont un rôle passif : 140 chefs d’Etat invités mais finalement rares sont ceux qui ont vraiment droit à la parole : souhait de paix, volonté de retrouver des territoires qui correspondent à leurs nations
  5. Réalisations et limites
  6. Un partage des territoires…
  7. … très critiquable : marchandage des territoires ; aucun souci pour les nationalités et les revendications des peuples (d’où plus tard le développement de mouvements nationalistes)
  8. Des réalisations non évoquées par les documents (le texte parle des objectifs seulement et les caricatures) : Sainte-Alliance contre la France et la Révolution

Les objectifs que se fixe ce congrès sont donc de :

  • Revenir à la paix et la stabilité en Europe après une longue période de guerre (depuis 1792)
  • Redistribuer les territoires perdus par l’Empire français
  • Trouver un équilibre entre les grandes puissances européennes
  • Mettre un terme à la Révolution française dont les idées sont considérées par les monarques européens comme dangereuses et sources de désordre. Selon eux, la légitimité du souverain ne dépend pas du peuple, mais de l’hérédité dynastique, l’héritage historique et le droit divin.

=> C’est le triomphe d’une idéologie qui refuse le changement et qui veut restaurer l’Ancien Régime, nie le libéralisme, la démocratie et la souveraineté de la nation.

C- Les moyens mis en place : une alliance des monarques

1- Une nouvelle carte d'Europe

DIAPO : carte 4 p. 67 + carte 2 p. 57

Concrètement, les 4 puissances victorieuses (Russie, Autriche, Prusse et Grande-Bretagne) se partagent les territoires perdus par Napoléon en évitant l’hégémonie de l’une d’entre elles. Une « commission statistique » compte même les habitants de chaque territoire pour faciliter leur répartition entre les vainqueurs. C’est un véritable marchandage qui a souvent été caricaturé : partage de la galette ; on plume l’aigle impérial ; balance politique… Finalement :

- la France perd ses conquêtes napoléoniennes et retrouve ses frontières de 1792 ;

- la Russie annexe la Pologne, la Bessarabie et la Finlande ;

- la Prusse annexe des États allemands au Sud et à l’Ouest de son propre territoire ;

- la Hollande annexe la Belgique (prise à la France) ;

- le Piémont-Sardaigne annexe Nice et la Savoie (pris à la France)

🡪 De vastes empires multinationaux sont conservés et même agrandis sans tenir compte des revendications nationales : Empire de Russie, Empire d’Autriche, Empire Ottoman. De nombreuses nations sont intégrées à ces Empires sans avoir un Etat propre : Polonais, Hongrois, Ukrainiens, Biélorusses, Lettons, Lituaniens, Estoniens, Finlandais, Slovènes, Bosniaques, Serbes, etc.

Deux nations européennes sont séparées en de multiples Etats : les Allemands (présents dans 38 Etats) et les Italiens (sur 8 Etats). La Confédération germanique (union politique de la Prusse, de l’Autriche et de 38 autres petits États allemands) est créée.

🡪 Les souverains n'écoutent pas les aspirations des peuples, ce qui va pousser différentes nationalités à revendiquer leurs aspirations de plus en plus fort.

2- La restauration de la monarchie

DIAPO : Partout des régimes autoritaires sont (re)mis en place, l'heure est à la Restauration contre-révolutionnaire : les monarchies dominent à nouveau.

Ainsi, les Bourbons sont remis sur le trône : avec Louis XVIII, frère de Louis XVI en France, et Ferdinand VII en EspagneFerdinand Ier retrouve son trône sur les royaumes de Naples et de Sicile.

De manière plus générale, les souverains reviennent sur les concessions libérales faites pendant les deux dernières décennies : les constitutions sont pour la plupart annulées, les libertés restreintes.

3- La Sainte Alliance puis la Quadruple Alliance, un système répressif pour garantir l'ordre européen

DIAPO : Autriche, Russie et Prusse scellent les décisions de ce congrès en signant le 26 septembre 1815 le traité de la Sainte- Alliance par lequel les monarques s'engagent à s'inspirer désormais, dans leurs relations, des préceptes du christianisme, et à se prêter assistance mutuelle dans un esprit de fraternité 🡪 engagement de solidarité mutuelle permettant de réprimer par la force d'éventuels troubles révolutionnaires, union sacrée fondée sur le maintien de la tradition monarchique et chrétienne et opposée aux mouvements nationaux.

Elle devient avant la fin 1815 Quadruple-Alliance, rejointe par le Royaume-Uni.

Ces traités répondent aux vœux du chancelier autrichien Metternich puisqu’ils établissent le « Concert européen », un nouveau système visant à garantir la stabilité et la paix en Europe par l’entente et l’équilibre entre les puissances.

Toutefois, les monarchies européennes sont impuissantes quand les colonies espagnoles et portugaises d'Amérique latine se soulèvent pour obtenir leur indépendance, notamment à cause de l'hostilité des États-Unis du président Monroe à toute intervention européenne dans le Nouveau Monde (doctrine Monroe en 1823). Le principal acteur de cette sécession sud-américaine est le général Bolivar : il a séjourné en France, admire Napoléon et s'inspire des idées révolutionnaires.

La doctrine de Monroe a caractérisé la politique étrangère des États-Unis durant le XIXe et le début du XXe siècle. Tirée du nom d'un président républicain des États-Unis, James Monroe, elle condamne toute intervention européenne dans les affaires « des Amériques » (tout le continent) comme celle des États-Unis dans les affaires européennes. « L’Amérique aux Américains »

D- Un retour total à l'ordre ancien ? Louis XVIII ou l'acceptation du compromis politiques 1814-1824

Le retour à l’Ancien Régime est impossible ainsi que le montre la charte constitutionnelle adoptée en France en 1814 par Louis XVIII. Son arrivée au pouvoir n’est pas le résultat de l’attente des Français mais celui d’un choix stratégique des puissances européennes. Le nouveau souverain conscient de ce handicap mais également soucieux de ses prérogatives, « octroie » au peuple une Charte qui se veut un texte de compromis. Pour rallier l’opinion publique, qui ne voit pas la Restauration d’un très bon œil, le roi accepte ainsi une partie des acquis de la Révolution.

Point méthode : Analyser un texte en histoire

  • on commence par citer le texte entre guillemets en maquant le numéro des lignes ;
  • éventuellement, on reformule les citations (si leur sens est compliqué) ;
  • enfin, on apporte des connaissances tirées du cours pour expliquer la citation.

🡺 A faire au fur et à mesure de la lecture, en surlignant le texte et en annotant dans la marge les explications à apporter.

Citation

Reformulation

Explication

La Charte constitutionnelle de 1814 empêche tout retour à l’absolutisme

  • Le roi dispose du pouvoir exécutif ; les députés et les pairs ont le pouvoir législatif
  • Les citoyens payant le cens élisent les députés
  • « Les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions » (lignes 26-27)
  • Les pouvoirs sont séparés : une seule ne peut pas concentrer tous les pouvoirs.
  • Le suffrage censitaire, mis en place en 1790, est rétabli
  • Les libertés politiques des Français, affirmées par la DDHC en 1789, sont rétablies

Mais la Charte constitutionnelle de 1814 réaffirme des principes conservateurs

  • « Bien que l’autorité tout entière résidât dans la personne du Roi » (lignes 1-2)
  • « Cependant, la religion catholique est la religion d’État » (lignes 23-24)
  • La première phrase rappelle que l’autorité politique est entre les mains du roi.
  • L’expression « religion d’État » signifie que c’est la religion de tous les Français
  • Ce principe remonte à la monarchie absolue, en place avant la Révolution française.
  • La liberté de culte est mise à mal : on revient à la situation d’avant 1789.

Activité : analyse de la charte

  1. Les circonstances obligent Louis XVIII à faire une concession

On lit clairement dans le texte que Louis XVIII est forcé par les circonstances, qu’il ne pense pas que c’est la meilleure solution, mais qu’il n’a pas le choix : obligation liée à son retour au pouvoir, au progrès des Lumières, au vœu de ses sujets

  1. en intégrant des acquis révolutionnaires

On retrouve la reconnaissance de libertés et droits proclamés dans la DDHC, de même que certains progrès politiques. . La reconnaissance de la souveraineté nationale est partielle : Louis XVIII accorde aux Français le suffrage censitaire et le droit d’avoir des députés élus. De plus, même si le roi reste inviolable et sacré et s’il détient des pouvoirs importants, comme celui de dissoudre la Chambre des députés et de légiférer par ordonnances, c’est-à-dire sans consulter les représentants de la nation, il respecte le principe de la séparation des pouvoirs.

  1. sans pour autant renier l’Ancien Régime

Le roi n’est pas prêt à transiger sur tout. Il défend l’idée que l’autorité suprême légitime appartient au roi, qu’elle ne peut être ôtée ou amoindrie par le peuple et la violence, et qu’elle se fonde sur un droit divin. Il rend à la religion catholique son statut de religion d’État, revient au drapeau blanc de la monarchie et considère d’ailleurs 1814 comme la 19e année de son règne commencé selon la tradition, à la mort de son prédécesseur et neveu, « Louis XVII », en 1795.

🡺 La Charte se présente comme un double héritage de l’Ancien Régime d’une part, des Lumières et de la Révolution d’autre part. Par ses concessions, Louis XVIII parvient à établir une monarchie constitutionnelle.

Néanmoins, les tensions ont du mal à s’apaiser dans le pays.

Louis XVIII est rentré en France accompagné de nombreux aristocrates qui avaient émigré avec lui. Majoritaires à la Chambre des députés en 1815, les ultraroyalistes entendent punir les Français qu'ils jugent responsables de leur exil : c'est la « Terreur blanche ». Ils se regroupent en bandes, comme la Compagnie du Soleil, et agressent les anciens soutiens de l'Empire dont le maréchal Ney, fusillé en décembre 1815.

De 1816 à 1820, les modérés reprennent le contrôle du gouvernement et font voter des lois libérales (élargissement du droit de vote , suppression de la censure pour les journaux…).

Mais après l’assassinat du duc de Berry en 1820 par le bonapartiste Louvel, les ultras reprennent le pouvoir et imposent un programme inspiré du conservatisme (idéologie qui prône des valeurs traditionnelles, autoritaires), dont la loi du "double vote" (1820) qui permet aux électeurs les plus riches de voter deux fois. Ils relancent également la répression contre les bonapartistes et les républicains. Louis XVIII meurt le 16 septembre 1824

Les « ultras »

Tous les aristocrates n'ont pas été décapités durant la Révolution Française ! Beaucoup sont parvenus à s'enfuir ou à se cacher des sans-culottes. Une partie d'entre eux sont exaspérés par les changements opérés par les révolutionnaires en France et veulent faire table rase de ce passé indigne. Ces émigrés veulent donc récupérer leurs biens et leurs privilèges, et pressent le roi de se montrer plus ferme avec le peuple. Ultra-royalistes, car plus royalistes que le souverain lui-même, ils sont exaspérés par l'existence de la Charte, car pour eux le pouvoir vient de Dieu seul, et non du peuple. Puissants et influents, ils diffusent leurs idées réactionnaires à travers des journaux comme La Gazette de France ou le Journal des Débats et se réunissent quelquefois dans des sociétés secrètes comme les Chevaliers de la Foi. Ils obtiennent l'exécution d'anciens révolutionnaires et de généraux de Napoléon, mais leur influence excessive sur Charles X le conduisent à multiplier les erreurs en 1830, et finalement à sa chute.

II/ L'ordre européen menacé par les aspirations des peuples

A- Les mouvements libéraux et nationaux dans les années 1820-30

Cet ordre mis en place par le congrès de Vienne est vite contesté par les peuples qui revendiquent :

  • plus de libertés et de droits (notamment politiques), dans la droite ligne des Lumières, de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen et de la période révolutionnaire => aspirations libérales
  • la création d’un Etat-nation (un pays qui regrouperait toute leur nation, c’est-à-dire les personnes de même langue, culture et histoire) => aspirations nationales

1- Des contestations dès 1820

DIAPO : 1 p.72 : Dès 1817, les étudiants allemands libéraux de la Burschenschaft brûlent symboliquement les actes du congrès de Vienne lors de fêtes : ils défendent les idées libérales et souhaitent l’unité nationale.

4 p.73 : Dans les Etats italiens, la société secrète des carbonari lutte par des actions violentes pour l’unité de l’Italie. Il s’agit le plus souvent d’intellectuels (étudiants, journalistes, artistes) et d’anciens soldats des troupes napoléoniennes. Leur guérilla les conduit souvent à l’exil.

2- Le succès des Grecs (1821-1830)

DIAPO : p. 68-69 :

L’archevêque de Patras, Germanos, déclenche l’insurrection des indépendantistes grecs le 25 mars 1821, contre l’Empire ottoman, qui domine cette région du monde depuis la prise de Constantinople en 1453.

Les Grecs justifient leur revendication d’indépendance au nom de divers arguments :

  • Gouvernement autoritaire de l’Empire ottoman : « joug affreux des Ottomans » ; « la violence » ; « une force usurpatrice nous a ravi injustement »
  • Souveraineté nationale : « représentants légitimes réunis dans le congrès national, convoqué par le peuple »
  • Héritage historique à restaurer : "restauration de la nation et sa réintégration dans ses droits de propriété"; « rétablissement dans l’association européenne » = existence d’une nation grecque avec une culture, une langue, une religion, une histoire… « notre religion, nos mœurs »…
  • Dieu et religion chrétienne : « entreprise sacrée » ; « nous réunir à la grande famille des chrétiens »

Ils parviennent à rallier l’opinion européenne à leur cause : le philhellénisme est l’amour de la culture grecque, et plus précisément à cette époque le mouvement d’opinion en faveur de la lutte pour l’indépendance des Grecs. Il se développe en Europe, particulièrement à Paris et dans le mouvement romantique (courant artistique de la première moitié du XIXème siècle prônant la passion, l’imagination, le mouvement et les couleur vives).

Des artistes romantiques servent les Grecs par leur art en suscitant l’émotion. Les massacres de Chios au cours desquels les Turcs ont tué 23000 Grecs et en ont envoyé 50000 comme esclaves inspirent ainsi le peintre Delacroix ou encore l’écrivain Victor Hugo dans Les Orientales. De Byron à Chateaubriand, de Delacroix à Hugo, Le peuple devient une entité romantique, qui s'affirme dans les luttes pour la liberté.

Finalement, les Grecs, grâce à l’appui de la France et du Royaume-Uni (flotte) obtiennent l’indépendance en 1829, inspirant les nationalistes de toute l’Europe.

En 1830, une autre nation obtient l’indépendance : les Belges se soulèvent et mettent fin à leur incorporation au Royaume des Pays Bas qui datait de 1814, grâce à l’intervention de la France et du Royaume-Uni.

3- Les Trois Glorieuses en France en 1830

DIAPO : Dossier p.60-61 :

Après la mort de Louis XVIII, son frère Charles X mène une politique plus autoritaire. Chef de file des ultras, il s’affirme dès le départ comme un partisan assumé de la monarchie absolue. L’une de ses premières décisions, hautement symbolique, consiste à renouer avec la tradition du sacre à Reims (1825).

La même année, il fait voter deux lois destinées à rendre à l’Église et à la noblesse leur place dans la société française. La "loi du sacrilège", qui punit de mort les profanateurs d’églises, bénéficie du contexte favorable de l’insurrection grecque, puisqu’un peuple chrétien y est martyrisé par un peuple musulman. La loi dite « du milliard aux émigrés » indemnise les aristocrates qui ont perdu des biens lors de la Révolution, grâce à des fonds issus du Trésor Public : une mesure impopulaire.

Face à la montée des contestations, Charles X décide d'engager un bras de fer : il nomme en 1829 un gouvernement composé des ultras les plus extrémistes, dirigé par Polignac.

Le 26 juillet 1830, il publie 4 ordonnances restreignant les libertés et notamment celle de la presse. Elles suscitent tout de suite la colère des journalistes, dont les presses sont détruites. Cette répression conduit le peuple à se joindre à la protestation. Des barricades sont dressées, le peuple parisien est en armes. C'est la "révolution des Trois Glorieuses" (27, 28, 29 juillet 1830)

Charles X est contraint de fuir. Le pays n’est pas prêt pour une expérience républicaine : les bourgeois et les nobles libéraux redoutent le retour d'une République livrée à des masses imprévisibles. La Révolution est alors « arrêtée à mi-côte » (V. Hugo). Le duc d'Orléans, cousin de Charles X, issu de la branche cadette des Bourbons, constitue une solution de compromis qui rassure les libéraux : il a participé au début de la Révolution, à la victoire de Valmy, jusqu'à son exil en 1792 - tout en restant le chef d'une prestigieuse famille noble. Le chef des libéraux, Adolphe Thiers, parvient à l'imposer: Louis-Philippe d’Orléans monte sur le trône sous le nom de Louis-Philippe Ier.

Point de passage et d’ouverture 3 : 1830 : Les Trois Glorieuses (pages 60-61)

Consigne : À l’aide des documents des pages 60 et 61, réalisez un schéma fléché mettant en évidence les causes, le déroulement et les conséquences des « Trois Glorieuses ».

Point méthode : Construire un schéma fléché

  • au brouillon, commencer à lister toutes les idées prélevées dans les documents
  • positionner les cases dans un ordre logique les unes par rapport aux autres
  • tracer des flèches indiquant les liens de cause à effet entre les cases
  • enfin affecter une couleur commune aux cases contenant les mêmes thématiques

Ce nouveau roi suscite l’espoir : il rétablit le drapeau tricolore et accepte la Charte constitutionnelle revisitée (doc. 2 p.62). "Roi des Français" et non plus roi de France, il reconnaît que sa souveraineté lui vient de la nation et partage son pouvoir avec les Chambres élues. L'impôt nécessaire pour prétendre voter, le cens, est abaissé : cela double le nombre d'électeurs, mais le suffrage est encore loin d'être universel. La France connaît alors une véritable monarchie constitutionnelle. On appelle ce régime la Monarchie de Juillet.

4- Un bilan global nuancé

p. 70-71 : vague révolutionnaire européenne de 1830

Si les Grecs, les Belges et les Français obtiennent gain de cause en 1830, ce n’est pas le cas de tous les mouvements insurrectionnels des années 1830. Les troupes de la Sainte-Alliance, rejointes par la France puis le Royaume-Uni, répriment violemment les mouvements libéraux.

6 p.67 : En 1823, les troupes françaises interviennent au nom de la Sainte-Alliance contre une tentative de soulèvement des libéraux espagnols : la prise du fort de Cadix permet de rétablir le pouvoir absolu du roi.

En novembre 1830, les Polonais se révoltent à leur tour mais sont écrasés par les Russes. Aucun État européen ne se mobilise pour empêcher la répression russe

Les soulèvements qui touchent l’Italie et l’Allemagne en 1831-32 sont également victimes de la répression, menée par l’Autriche.

B- 1848 : le "Printemps des Peuples"

Une nouvelle vague révolutionnaire embrase l’Europe en 1848. La simultanéité de ces insurrections est liée aux nombreux contacts et échanges tant intellectuels que matériels entretenus par les libéraux européens. En effet, pour échapper à la police de leur pays, beaucoup sont contraints à l’exil et sont hébergés par des partisans de leur cause à l’étranger. Paris notamment est la capitale des révolutionnaires. 2 p.72 : 15000 exilés politiques en France en 1832.

1- La France, détonateur du mouvement révolutionnaire

DIAPO : Louis-Philippe est contesté dès son accession au trône par :

- les légitimistes, monarchistes qui estiment que seul Charles X est le roi légitime, Louis-Philippe n’étant soutenu que par les monarchistes dits orléanistes. Ce-dernier ne descend en effet de la famille royale que pas une branche cadette (et ne respecte donc pas la règle de la primogéniture). Pour les légitimistes le comte de Chambord, auto-proclamé Henri V est l'héritier. Cette querelle entre les deux branches de la dynastie capétienne dure encore ...

- les bonapartistes, favorables à la restauration des descendants de Napoléon Ier, de son neveu Louis-Napoléon Bonaparte. Après deux échecs, ce dernier est emprisonné au fort de Ham - pour un temps.

- les partisans de la République s'agitent

- des émeutes populaires se multiplient dans un contexte de misère et de mauvaises récoltes (la révolte des canuts – ouvriers du textile – à Lyon en 1834). En 1835, l’attentat du républicain Guiseppe Fieschi contre Louis-Philippe Ier conduit le régime à adopter une série de lois répressives, appelées « lois de septembre », qui rétablissent de la censure (interdiction des caricatures politiques).

Adolphe Thiers et François Guizot s'opposent sur la nature parlementaire du régime. Le premier estime que « le roi règne mais ne gouverne pas » : il devrait donc choisir ses ministres en fonction de la majorité du Parlement. Le second est convaincu que « le trône n'est pas un fauteuil vide »: le roi peut donc décider sans prendre l'avis des députés.

À partir de 1840, Guizot domine le ministère même si, officiellement, il ne détient qu'à partir de 1847 le titre de président du Conseil (« moment Guizot »). Son gouvernement modernise Le pays et contribue à sa prospérité économique (loi de 1842 sur l'élargissement du réseau ferré, recul du chômage) mais mène aussi une politique conservatrice. Guizot s'attache au développement de l'instruction primaire mais refuse obstinément l'abaissement du cens et s'affirme comme un « ennemi décidé du suffrage universel » répliquant : « Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne et vous deviendrez électeur ". Son hostilité à la réforme du droit de suffrage contribue à affaiblir les assises du régime. Dans l'esprit de nombreux Français, le « roi-citoyen » cède la place au « roi-bourgeois », symbole de l'indifférence à la misère puisqu'il ne légifère pas non plus en matière sociale alors que la révolution industrielle grossit le nombre d’ouvriers qui travaillent dans des conditions déplorables et sans aucune protection. Le roi est caricaturé, notamment par Honoré Daumier qui dessine Louis-Philippe sous la forme d'une série de poires, ce qui participe à la désacralisation de la personne royale.

Face à cette intransigeance et à la crise économique qui aggrave les tensions à partir de 1846, l'opposition s'organise. Les républicains se rapprochent des ouvriers pour dénoncer le mauvais gouvernement, confronté à une crise économique européenne. La « campagne des banquets » (1847-1848) permet de contourner l'interdiction des réunions politiques. Conscient du danger, le gouvernement interdit le 14 janvier 1848 un banquet prévu à Paris. Les organisateurs sont prêts à s'incliner mais la situation leur échappe totalement. La répression de cette manifestation ouvre la révolution de février 1848 et marque la fin de la monarchie de Juillet puisque Louis-Philippe abdique le 24 février 1848 et la IIde République est proclamée.

2- Des révolutions en série

DIAPO : Dossier p.74-75

La révolution française de février 1848 est le déclencheur d’une série d’événements révolutionnaires liés à des revendications diverses, nationales, libérales, démocratiques et sociales. Ce moment est surnommé le « Printemps des peuples » :

  • D’abord dans l’empire autrichien : les étudiants viennois, puis les Hongrois, les Tchèques, les Croates, les Roumains se révoltent : le chancelier Metternich est contraint à l’exil.
  • En Prusse, les Berlinois se soulèvent pour la liberté et l’unité allemande.
  • En Italie : la république est proclamée à Venise, tandis que les Autrichiens sont chassés de Milan

Toutes ces révolutions se font dans une euphorie de fraternité, mêlant sur les barricades hommes et femmes, ouvriers et bourgeois, étudiants. On rêve d’égalité entre tous et de paix universelle.

On constate par ailleurs une politisation rapide des populations : elle passe par la lecture de la presse, la fréquentation de lieux (banquets, cafés) et amène des acteurs à des prises de position dans l’espace public.

3- Des succès limités

Au cours des premiers mois, les insurgés remportent des succès :

- de nombreux monarques acceptent des constitutions (lois fondamentales fixant la nature du régime et la répartition des pouvoir dans celui-ci) dans les États allemands et italiens.

- Dans certains cas, les républicains parviennent même à prendre le pouvoir (Venise, Rome).

- En Autriche, la révolution contraint Metternich, au pouvoir depuis 1809, à l’exil pour l’Angleterre.

Mais les enthousiasmes libéraux et nationaux ne reposent que sur une élite étroite. Si, dans les grandes villes, une partie du petit peuple urbain est gagnée à l’idée nationale, les paysans ne participent guère. Parfois les notables libéraux eux-mêmes craignent les risques de subversion sociale. Ainsi en France, où la province regarde avec effroi la révolution parisienne et ses velléités sociales ; les ouvriers rassemblés dans les Ateliers nationaux sont massacrés dès juin 1848, et les notables espèrent que Louis Napoléon Bonaparte, qu'ils font élire président de la République en décembre 1848, saura rétablir l'ordre. En deux temps, décembre 1851 puis décembre 1852, le « prince-président » rétablit l'Empire et étouffe les libertés.

Le reflux de la Révolution est rapide dans le reste de l'Europe :

Frédéric-Guillaume refuse en 1849 la couronne d'empereur allemand parce qu'elle lui est offerte par un parlement élu.

- Dans l'empire des Habsbourg, le nouvel empereur François-Joseph (1848-1916) réprime les insurrections

Certaines libertés – droit de parole, de réunion, d’association – sont accordées. Les libéraux sont satisfaits, les nationalistes se retrouvent seuls et perdent face à l'armée autrichienne qui écrase la révolution à Prague en juin 1848 et à Vienne en octobre 1848. L’unité de l’empire est préservée et l’empereur François-Joseph affermi. Il parvient également à limiter les ambitions de la Prusse et des Allemands nationalistes.

L'aide de la Russie, rempart des couronnes, lui permet d'écraser la révolte des Hongrois de Kossuth.

Enfin les Autrichiens réoccupent la péninsule italienne et une armée française, en 1849, fait disparaître la République romaine de Mazzini ; en 1850, le pape Pie IX restaure son pouvoir sur les États pontificaux.

L’Autriche garde donc son influence et contrôle l’ordre européen.

🡺L'ordre ancien semble partout rétabli.

L’échec des révolutions n’est pourtant pas total. Outre le maintien de certaines réformes libérales (le Piémont-Sardaigne et la Prusse conservent leur constitution), le « Printemps des peuples » (1848) a prouvé la fragilité de certaines monarchies.

Conclusion

La période qui court de 1815 à 1848 est donc traversée en France et en Europe par l’affrontement entre les forces favorables au maintien de l’ordre monarchique traditionnel et les partisans de changements politiques en faveur des nationalités et des libertés. Les changements sont le reflet de l’évolution de ce rapport de forces.

En 1848, la révolution qui a lieu à Paris contribue à renverser définitivement la monarchie et permet l’instauration d’une République, ce qui ne se produit nulle par ailleurs lors des révolutions européennes de cette même année.


H2 L'Europe entre restauration et révolution 1814-1848

H2 L'Europe entre restauration et révolution 1814-1848

Contextualisation

Après la défaite de Napoléon et le démantèlement de l’Empire en 1815, les monarques des puissances européennes se réunissent au congrès de Vienne (1814-1815) pour régler le sort de la France, redessiner la carte de l’Europe et reprendre le contrôle politique face aux peuples de plus en plus revendicatifs. Ils effectuent une restauration de l’ordre ancien : nom donné en France, en « Italie » et en « Allemagne » à la période 1815-1830 qui correspond au retour de monarchies autoritaires et conservatrices.

Mais cela n'empêche pas les idées révolutionnaires de circuler à travers le continent et de pousser les peuples à se soulever à plusieurs reprisesL'histoire de cette époque est ainsi celle de l'affrontement entre les défenseurs de l'ordre ancien et ceux qui rêvent de changements.

Comment l'Europe se reconstruit-elle dans un équilibre fragile entre la volonté des puissances d'établir un ordre européen stable et l'affirmation d'idées issues de la Révolution ?

I/ La reconstruction d'un ordre européen par le congrès de Vienne est-elle un rétablissement de l'ordre ancien ?

A- Une solution diplomatique, le "concert européen"

De septembre 1814 à juin 1815, les souverains qui ont vaincu Napoléon Ier se réunissent à Vienne, la capitale autrichienne. Metternich, le ministre des Affaires Etrangère de l’Autriche, pays hôte, est le grand organisateur du congrès. 140 Etats sont invités, mais les négociations sont menées essentiellement par les 4 grandes puissances

- Autriche

- Russie Alexandre Ier

- Prusse Frédéric-Guillaume III représenté par Hardenberg

- Grande-Bretagne Castlereagh

qui mettent en place ce qu'on a appelé le "concert européen", c'est-à-dire une concertation permanente entre les grandes puissances pour maintenir un équilibre et garantir la paix en Europe. Elles sont un peu perturbées par le bref retour au pouvoir de Napoléon que les armées alliées arrivent à vaincre à nouveau à Waterloo le 18 juin 1815. Les Cent Jours ont pour effet de durcir les conditions de paix pour la France.

Le congrès dit qu’il se fonde sur « l’ordre public » : c’est une reconnaissance d’un droit international.

Par ailleurs, l’ordre des signatures d’un traité ne sera plus dicté par la préséance – ce qui engendrait des querelles – mais suivra l’ordre alphabétique français.

La France est représentée par Talleyrand, ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII, dont les talents de négociateur lui permettent de réintégrer la France dans la diplomatie européenne.

Le congrès de Vienne est ainsi une certaine victoire de la diplomatie.

B- Les objectifs : en finir avec la Révolution

Activité : analyse d’un corpus documentaire sur le congrès de Vienne

  1. Acteurs et objectifs du Congrès de Vienne
  2. Les grandes puissances victorieuses de Napoléon veulent en finir avec la Révolution et accroître leur puissance : refus d’être encore menacées par la France et par les idées révolutionnaires ; volonté d’agrandir leurs territoires ; souci de trouver un équilibre entre elles qui assure paix et sécurité
  3. La France, représentée par Talleyrand, veut limiter les pertes : l’armistice est déjà signé et la perte des territoires ne semble pas supérieure aux conquêtes napoléoniennes ; Talleyrand souhaite redonner une place à la France dans le « concert européen » et éviter des sanctions trop lourdes
  4. De nombreux acteurs secondaires qui ont un rôle passif : 140 chefs d’Etat invités mais finalement rares sont ceux qui ont vraiment droit à la parole : souhait de paix, volonté de retrouver des territoires qui correspondent à leurs nations
  5. Réalisations et limites
  6. Un partage des territoires…
  7. … très critiquable : marchandage des territoires ; aucun souci pour les nationalités et les revendications des peuples (d’où plus tard le développement de mouvements nationalistes)
  8. Des réalisations non évoquées par les documents (le texte parle des objectifs seulement et les caricatures) : Sainte-Alliance contre la France et la Révolution

Les objectifs que se fixe ce congrès sont donc de :

  • Revenir à la paix et la stabilité en Europe après une longue période de guerre (depuis 1792)
  • Redistribuer les territoires perdus par l’Empire français
  • Trouver un équilibre entre les grandes puissances européennes
  • Mettre un terme à la Révolution française dont les idées sont considérées par les monarques européens comme dangereuses et sources de désordre. Selon eux, la légitimité du souverain ne dépend pas du peuple, mais de l’hérédité dynastique, l’héritage historique et le droit divin.

=> C’est le triomphe d’une idéologie qui refuse le changement et qui veut restaurer l’Ancien Régime, nie le libéralisme, la démocratie et la souveraineté de la nation.

C- Les moyens mis en place : une alliance des monarques

1- Une nouvelle carte d'Europe

DIAPO : carte 4 p. 67 + carte 2 p. 57

Concrètement, les 4 puissances victorieuses (Russie, Autriche, Prusse et Grande-Bretagne) se partagent les territoires perdus par Napoléon en évitant l’hégémonie de l’une d’entre elles. Une « commission statistique » compte même les habitants de chaque territoire pour faciliter leur répartition entre les vainqueurs. C’est un véritable marchandage qui a souvent été caricaturé : partage de la galette ; on plume l’aigle impérial ; balance politique… Finalement :

- la France perd ses conquêtes napoléoniennes et retrouve ses frontières de 1792 ;

- la Russie annexe la Pologne, la Bessarabie et la Finlande ;

- la Prusse annexe des États allemands au Sud et à l’Ouest de son propre territoire ;

- la Hollande annexe la Belgique (prise à la France) ;

- le Piémont-Sardaigne annexe Nice et la Savoie (pris à la France)

🡪 De vastes empires multinationaux sont conservés et même agrandis sans tenir compte des revendications nationales : Empire de Russie, Empire d’Autriche, Empire Ottoman. De nombreuses nations sont intégrées à ces Empires sans avoir un Etat propre : Polonais, Hongrois, Ukrainiens, Biélorusses, Lettons, Lituaniens, Estoniens, Finlandais, Slovènes, Bosniaques, Serbes, etc.

Deux nations européennes sont séparées en de multiples Etats : les Allemands (présents dans 38 Etats) et les Italiens (sur 8 Etats). La Confédération germanique (union politique de la Prusse, de l’Autriche et de 38 autres petits États allemands) est créée.

🡪 Les souverains n'écoutent pas les aspirations des peuples, ce qui va pousser différentes nationalités à revendiquer leurs aspirations de plus en plus fort.

2- La restauration de la monarchie

DIAPO : Partout des régimes autoritaires sont (re)mis en place, l'heure est à la Restauration contre-révolutionnaire : les monarchies dominent à nouveau.

Ainsi, les Bourbons sont remis sur le trône : avec Louis XVIII, frère de Louis XVI en France, et Ferdinand VII en EspagneFerdinand Ier retrouve son trône sur les royaumes de Naples et de Sicile.

De manière plus générale, les souverains reviennent sur les concessions libérales faites pendant les deux dernières décennies : les constitutions sont pour la plupart annulées, les libertés restreintes.

3- La Sainte Alliance puis la Quadruple Alliance, un système répressif pour garantir l'ordre européen

DIAPO : Autriche, Russie et Prusse scellent les décisions de ce congrès en signant le 26 septembre 1815 le traité de la Sainte- Alliance par lequel les monarques s'engagent à s'inspirer désormais, dans leurs relations, des préceptes du christianisme, et à se prêter assistance mutuelle dans un esprit de fraternité 🡪 engagement de solidarité mutuelle permettant de réprimer par la force d'éventuels troubles révolutionnaires, union sacrée fondée sur le maintien de la tradition monarchique et chrétienne et opposée aux mouvements nationaux.

Elle devient avant la fin 1815 Quadruple-Alliance, rejointe par le Royaume-Uni.

Ces traités répondent aux vœux du chancelier autrichien Metternich puisqu’ils établissent le « Concert européen », un nouveau système visant à garantir la stabilité et la paix en Europe par l’entente et l’équilibre entre les puissances.

Toutefois, les monarchies européennes sont impuissantes quand les colonies espagnoles et portugaises d'Amérique latine se soulèvent pour obtenir leur indépendance, notamment à cause de l'hostilité des États-Unis du président Monroe à toute intervention européenne dans le Nouveau Monde (doctrine Monroe en 1823). Le principal acteur de cette sécession sud-américaine est le général Bolivar : il a séjourné en France, admire Napoléon et s'inspire des idées révolutionnaires.

La doctrine de Monroe a caractérisé la politique étrangère des États-Unis durant le XIXe et le début du XXe siècle. Tirée du nom d'un président républicain des États-Unis, James Monroe, elle condamne toute intervention européenne dans les affaires « des Amériques » (tout le continent) comme celle des États-Unis dans les affaires européennes. « L’Amérique aux Américains »

D- Un retour total à l'ordre ancien ? Louis XVIII ou l'acceptation du compromis politiques 1814-1824

Le retour à l’Ancien Régime est impossible ainsi que le montre la charte constitutionnelle adoptée en France en 1814 par Louis XVIII. Son arrivée au pouvoir n’est pas le résultat de l’attente des Français mais celui d’un choix stratégique des puissances européennes. Le nouveau souverain conscient de ce handicap mais également soucieux de ses prérogatives, « octroie » au peuple une Charte qui se veut un texte de compromis. Pour rallier l’opinion publique, qui ne voit pas la Restauration d’un très bon œil, le roi accepte ainsi une partie des acquis de la Révolution.

Point méthode : Analyser un texte en histoire

  • on commence par citer le texte entre guillemets en maquant le numéro des lignes ;
  • éventuellement, on reformule les citations (si leur sens est compliqué) ;
  • enfin, on apporte des connaissances tirées du cours pour expliquer la citation.

🡺 A faire au fur et à mesure de la lecture, en surlignant le texte et en annotant dans la marge les explications à apporter.

Citation

Reformulation

Explication

La Charte constitutionnelle de 1814 empêche tout retour à l’absolutisme

  • Le roi dispose du pouvoir exécutif ; les députés et les pairs ont le pouvoir législatif
  • Les citoyens payant le cens élisent les députés
  • « Les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions » (lignes 26-27)
  • Les pouvoirs sont séparés : une seule ne peut pas concentrer tous les pouvoirs.
  • Le suffrage censitaire, mis en place en 1790, est rétabli
  • Les libertés politiques des Français, affirmées par la DDHC en 1789, sont rétablies

Mais la Charte constitutionnelle de 1814 réaffirme des principes conservateurs

  • « Bien que l’autorité tout entière résidât dans la personne du Roi » (lignes 1-2)
  • « Cependant, la religion catholique est la religion d’État » (lignes 23-24)
  • La première phrase rappelle que l’autorité politique est entre les mains du roi.
  • L’expression « religion d’État » signifie que c’est la religion de tous les Français
  • Ce principe remonte à la monarchie absolue, en place avant la Révolution française.
  • La liberté de culte est mise à mal : on revient à la situation d’avant 1789.

Activité : analyse de la charte

  1. Les circonstances obligent Louis XVIII à faire une concession

On lit clairement dans le texte que Louis XVIII est forcé par les circonstances, qu’il ne pense pas que c’est la meilleure solution, mais qu’il n’a pas le choix : obligation liée à son retour au pouvoir, au progrès des Lumières, au vœu de ses sujets

  1. en intégrant des acquis révolutionnaires

On retrouve la reconnaissance de libertés et droits proclamés dans la DDHC, de même que certains progrès politiques. . La reconnaissance de la souveraineté nationale est partielle : Louis XVIII accorde aux Français le suffrage censitaire et le droit d’avoir des députés élus. De plus, même si le roi reste inviolable et sacré et s’il détient des pouvoirs importants, comme celui de dissoudre la Chambre des députés et de légiférer par ordonnances, c’est-à-dire sans consulter les représentants de la nation, il respecte le principe de la séparation des pouvoirs.

  1. sans pour autant renier l’Ancien Régime

Le roi n’est pas prêt à transiger sur tout. Il défend l’idée que l’autorité suprême légitime appartient au roi, qu’elle ne peut être ôtée ou amoindrie par le peuple et la violence, et qu’elle se fonde sur un droit divin. Il rend à la religion catholique son statut de religion d’État, revient au drapeau blanc de la monarchie et considère d’ailleurs 1814 comme la 19e année de son règne commencé selon la tradition, à la mort de son prédécesseur et neveu, « Louis XVII », en 1795.

🡺 La Charte se présente comme un double héritage de l’Ancien Régime d’une part, des Lumières et de la Révolution d’autre part. Par ses concessions, Louis XVIII parvient à établir une monarchie constitutionnelle.

Néanmoins, les tensions ont du mal à s’apaiser dans le pays.

Louis XVIII est rentré en France accompagné de nombreux aristocrates qui avaient émigré avec lui. Majoritaires à la Chambre des députés en 1815, les ultraroyalistes entendent punir les Français qu'ils jugent responsables de leur exil : c'est la « Terreur blanche ». Ils se regroupent en bandes, comme la Compagnie du Soleil, et agressent les anciens soutiens de l'Empire dont le maréchal Ney, fusillé en décembre 1815.

De 1816 à 1820, les modérés reprennent le contrôle du gouvernement et font voter des lois libérales (élargissement du droit de vote , suppression de la censure pour les journaux…).

Mais après l’assassinat du duc de Berry en 1820 par le bonapartiste Louvel, les ultras reprennent le pouvoir et imposent un programme inspiré du conservatisme (idéologie qui prône des valeurs traditionnelles, autoritaires), dont la loi du "double vote" (1820) qui permet aux électeurs les plus riches de voter deux fois. Ils relancent également la répression contre les bonapartistes et les républicains. Louis XVIII meurt le 16 septembre 1824

Les « ultras »

Tous les aristocrates n'ont pas été décapités durant la Révolution Française ! Beaucoup sont parvenus à s'enfuir ou à se cacher des sans-culottes. Une partie d'entre eux sont exaspérés par les changements opérés par les révolutionnaires en France et veulent faire table rase de ce passé indigne. Ces émigrés veulent donc récupérer leurs biens et leurs privilèges, et pressent le roi de se montrer plus ferme avec le peuple. Ultra-royalistes, car plus royalistes que le souverain lui-même, ils sont exaspérés par l'existence de la Charte, car pour eux le pouvoir vient de Dieu seul, et non du peuple. Puissants et influents, ils diffusent leurs idées réactionnaires à travers des journaux comme La Gazette de France ou le Journal des Débats et se réunissent quelquefois dans des sociétés secrètes comme les Chevaliers de la Foi. Ils obtiennent l'exécution d'anciens révolutionnaires et de généraux de Napoléon, mais leur influence excessive sur Charles X le conduisent à multiplier les erreurs en 1830, et finalement à sa chute.

II/ L'ordre européen menacé par les aspirations des peuples

A- Les mouvements libéraux et nationaux dans les années 1820-30

Cet ordre mis en place par le congrès de Vienne est vite contesté par les peuples qui revendiquent :

  • plus de libertés et de droits (notamment politiques), dans la droite ligne des Lumières, de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen et de la période révolutionnaire => aspirations libérales
  • la création d’un Etat-nation (un pays qui regrouperait toute leur nation, c’est-à-dire les personnes de même langue, culture et histoire) => aspirations nationales

1- Des contestations dès 1820

DIAPO : 1 p.72 : Dès 1817, les étudiants allemands libéraux de la Burschenschaft brûlent symboliquement les actes du congrès de Vienne lors de fêtes : ils défendent les idées libérales et souhaitent l’unité nationale.

4 p.73 : Dans les Etats italiens, la société secrète des carbonari lutte par des actions violentes pour l’unité de l’Italie. Il s’agit le plus souvent d’intellectuels (étudiants, journalistes, artistes) et d’anciens soldats des troupes napoléoniennes. Leur guérilla les conduit souvent à l’exil.

2- Le succès des Grecs (1821-1830)

DIAPO : p. 68-69 :

L’archevêque de Patras, Germanos, déclenche l’insurrection des indépendantistes grecs le 25 mars 1821, contre l’Empire ottoman, qui domine cette région du monde depuis la prise de Constantinople en 1453.

Les Grecs justifient leur revendication d’indépendance au nom de divers arguments :

  • Gouvernement autoritaire de l’Empire ottoman : « joug affreux des Ottomans » ; « la violence » ; « une force usurpatrice nous a ravi injustement »
  • Souveraineté nationale : « représentants légitimes réunis dans le congrès national, convoqué par le peuple »
  • Héritage historique à restaurer : "restauration de la nation et sa réintégration dans ses droits de propriété"; « rétablissement dans l’association européenne » = existence d’une nation grecque avec une culture, une langue, une religion, une histoire… « notre religion, nos mœurs »…
  • Dieu et religion chrétienne : « entreprise sacrée » ; « nous réunir à la grande famille des chrétiens »

Ils parviennent à rallier l’opinion européenne à leur cause : le philhellénisme est l’amour de la culture grecque, et plus précisément à cette époque le mouvement d’opinion en faveur de la lutte pour l’indépendance des Grecs. Il se développe en Europe, particulièrement à Paris et dans le mouvement romantique (courant artistique de la première moitié du XIXème siècle prônant la passion, l’imagination, le mouvement et les couleur vives).

Des artistes romantiques servent les Grecs par leur art en suscitant l’émotion. Les massacres de Chios au cours desquels les Turcs ont tué 23000 Grecs et en ont envoyé 50000 comme esclaves inspirent ainsi le peintre Delacroix ou encore l’écrivain Victor Hugo dans Les Orientales. De Byron à Chateaubriand, de Delacroix à Hugo, Le peuple devient une entité romantique, qui s'affirme dans les luttes pour la liberté.

Finalement, les Grecs, grâce à l’appui de la France et du Royaume-Uni (flotte) obtiennent l’indépendance en 1829, inspirant les nationalistes de toute l’Europe.

En 1830, une autre nation obtient l’indépendance : les Belges se soulèvent et mettent fin à leur incorporation au Royaume des Pays Bas qui datait de 1814, grâce à l’intervention de la France et du Royaume-Uni.

3- Les Trois Glorieuses en France en 1830

DIAPO : Dossier p.60-61 :

Après la mort de Louis XVIII, son frère Charles X mène une politique plus autoritaire. Chef de file des ultras, il s’affirme dès le départ comme un partisan assumé de la monarchie absolue. L’une de ses premières décisions, hautement symbolique, consiste à renouer avec la tradition du sacre à Reims (1825).

La même année, il fait voter deux lois destinées à rendre à l’Église et à la noblesse leur place dans la société française. La "loi du sacrilège", qui punit de mort les profanateurs d’églises, bénéficie du contexte favorable de l’insurrection grecque, puisqu’un peuple chrétien y est martyrisé par un peuple musulman. La loi dite « du milliard aux émigrés » indemnise les aristocrates qui ont perdu des biens lors de la Révolution, grâce à des fonds issus du Trésor Public : une mesure impopulaire.

Face à la montée des contestations, Charles X décide d'engager un bras de fer : il nomme en 1829 un gouvernement composé des ultras les plus extrémistes, dirigé par Polignac.

Le 26 juillet 1830, il publie 4 ordonnances restreignant les libertés et notamment celle de la presse. Elles suscitent tout de suite la colère des journalistes, dont les presses sont détruites. Cette répression conduit le peuple à se joindre à la protestation. Des barricades sont dressées, le peuple parisien est en armes. C'est la "révolution des Trois Glorieuses" (27, 28, 29 juillet 1830)

Charles X est contraint de fuir. Le pays n’est pas prêt pour une expérience républicaine : les bourgeois et les nobles libéraux redoutent le retour d'une République livrée à des masses imprévisibles. La Révolution est alors « arrêtée à mi-côte » (V. Hugo). Le duc d'Orléans, cousin de Charles X, issu de la branche cadette des Bourbons, constitue une solution de compromis qui rassure les libéraux : il a participé au début de la Révolution, à la victoire de Valmy, jusqu'à son exil en 1792 - tout en restant le chef d'une prestigieuse famille noble. Le chef des libéraux, Adolphe Thiers, parvient à l'imposer: Louis-Philippe d’Orléans monte sur le trône sous le nom de Louis-Philippe Ier.

Point de passage et d’ouverture 3 : 1830 : Les Trois Glorieuses (pages 60-61)

Consigne : À l’aide des documents des pages 60 et 61, réalisez un schéma fléché mettant en évidence les causes, le déroulement et les conséquences des « Trois Glorieuses ».

Point méthode : Construire un schéma fléché

  • au brouillon, commencer à lister toutes les idées prélevées dans les documents
  • positionner les cases dans un ordre logique les unes par rapport aux autres
  • tracer des flèches indiquant les liens de cause à effet entre les cases
  • enfin affecter une couleur commune aux cases contenant les mêmes thématiques

Ce nouveau roi suscite l’espoir : il rétablit le drapeau tricolore et accepte la Charte constitutionnelle revisitée (doc. 2 p.62). "Roi des Français" et non plus roi de France, il reconnaît que sa souveraineté lui vient de la nation et partage son pouvoir avec les Chambres élues. L'impôt nécessaire pour prétendre voter, le cens, est abaissé : cela double le nombre d'électeurs, mais le suffrage est encore loin d'être universel. La France connaît alors une véritable monarchie constitutionnelle. On appelle ce régime la Monarchie de Juillet.

4- Un bilan global nuancé

p. 70-71 : vague révolutionnaire européenne de 1830

Si les Grecs, les Belges et les Français obtiennent gain de cause en 1830, ce n’est pas le cas de tous les mouvements insurrectionnels des années 1830. Les troupes de la Sainte-Alliance, rejointes par la France puis le Royaume-Uni, répriment violemment les mouvements libéraux.

6 p.67 : En 1823, les troupes françaises interviennent au nom de la Sainte-Alliance contre une tentative de soulèvement des libéraux espagnols : la prise du fort de Cadix permet de rétablir le pouvoir absolu du roi.

En novembre 1830, les Polonais se révoltent à leur tour mais sont écrasés par les Russes. Aucun État européen ne se mobilise pour empêcher la répression russe

Les soulèvements qui touchent l’Italie et l’Allemagne en 1831-32 sont également victimes de la répression, menée par l’Autriche.

B- 1848 : le "Printemps des Peuples"

Une nouvelle vague révolutionnaire embrase l’Europe en 1848. La simultanéité de ces insurrections est liée aux nombreux contacts et échanges tant intellectuels que matériels entretenus par les libéraux européens. En effet, pour échapper à la police de leur pays, beaucoup sont contraints à l’exil et sont hébergés par des partisans de leur cause à l’étranger. Paris notamment est la capitale des révolutionnaires. 2 p.72 : 15000 exilés politiques en France en 1832.

1- La France, détonateur du mouvement révolutionnaire

DIAPO : Louis-Philippe est contesté dès son accession au trône par :

- les légitimistes, monarchistes qui estiment que seul Charles X est le roi légitime, Louis-Philippe n’étant soutenu que par les monarchistes dits orléanistes. Ce-dernier ne descend en effet de la famille royale que pas une branche cadette (et ne respecte donc pas la règle de la primogéniture). Pour les légitimistes le comte de Chambord, auto-proclamé Henri V est l'héritier. Cette querelle entre les deux branches de la dynastie capétienne dure encore ...

- les bonapartistes, favorables à la restauration des descendants de Napoléon Ier, de son neveu Louis-Napoléon Bonaparte. Après deux échecs, ce dernier est emprisonné au fort de Ham - pour un temps.

- les partisans de la République s'agitent

- des émeutes populaires se multiplient dans un contexte de misère et de mauvaises récoltes (la révolte des canuts – ouvriers du textile – à Lyon en 1834). En 1835, l’attentat du républicain Guiseppe Fieschi contre Louis-Philippe Ier conduit le régime à adopter une série de lois répressives, appelées « lois de septembre », qui rétablissent de la censure (interdiction des caricatures politiques).

Adolphe Thiers et François Guizot s'opposent sur la nature parlementaire du régime. Le premier estime que « le roi règne mais ne gouverne pas » : il devrait donc choisir ses ministres en fonction de la majorité du Parlement. Le second est convaincu que « le trône n'est pas un fauteuil vide »: le roi peut donc décider sans prendre l'avis des députés.

À partir de 1840, Guizot domine le ministère même si, officiellement, il ne détient qu'à partir de 1847 le titre de président du Conseil (« moment Guizot »). Son gouvernement modernise Le pays et contribue à sa prospérité économique (loi de 1842 sur l'élargissement du réseau ferré, recul du chômage) mais mène aussi une politique conservatrice. Guizot s'attache au développement de l'instruction primaire mais refuse obstinément l'abaissement du cens et s'affirme comme un « ennemi décidé du suffrage universel » répliquant : « Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne et vous deviendrez électeur ". Son hostilité à la réforme du droit de suffrage contribue à affaiblir les assises du régime. Dans l'esprit de nombreux Français, le « roi-citoyen » cède la place au « roi-bourgeois », symbole de l'indifférence à la misère puisqu'il ne légifère pas non plus en matière sociale alors que la révolution industrielle grossit le nombre d’ouvriers qui travaillent dans des conditions déplorables et sans aucune protection. Le roi est caricaturé, notamment par Honoré Daumier qui dessine Louis-Philippe sous la forme d'une série de poires, ce qui participe à la désacralisation de la personne royale.

Face à cette intransigeance et à la crise économique qui aggrave les tensions à partir de 1846, l'opposition s'organise. Les républicains se rapprochent des ouvriers pour dénoncer le mauvais gouvernement, confronté à une crise économique européenne. La « campagne des banquets » (1847-1848) permet de contourner l'interdiction des réunions politiques. Conscient du danger, le gouvernement interdit le 14 janvier 1848 un banquet prévu à Paris. Les organisateurs sont prêts à s'incliner mais la situation leur échappe totalement. La répression de cette manifestation ouvre la révolution de février 1848 et marque la fin de la monarchie de Juillet puisque Louis-Philippe abdique le 24 février 1848 et la IIde République est proclamée.

2- Des révolutions en série

DIAPO : Dossier p.74-75

La révolution française de février 1848 est le déclencheur d’une série d’événements révolutionnaires liés à des revendications diverses, nationales, libérales, démocratiques et sociales. Ce moment est surnommé le « Printemps des peuples » :

  • D’abord dans l’empire autrichien : les étudiants viennois, puis les Hongrois, les Tchèques, les Croates, les Roumains se révoltent : le chancelier Metternich est contraint à l’exil.
  • En Prusse, les Berlinois se soulèvent pour la liberté et l’unité allemande.
  • En Italie : la république est proclamée à Venise, tandis que les Autrichiens sont chassés de Milan

Toutes ces révolutions se font dans une euphorie de fraternité, mêlant sur les barricades hommes et femmes, ouvriers et bourgeois, étudiants. On rêve d’égalité entre tous et de paix universelle.

On constate par ailleurs une politisation rapide des populations : elle passe par la lecture de la presse, la fréquentation de lieux (banquets, cafés) et amène des acteurs à des prises de position dans l’espace public.

3- Des succès limités

Au cours des premiers mois, les insurgés remportent des succès :

- de nombreux monarques acceptent des constitutions (lois fondamentales fixant la nature du régime et la répartition des pouvoir dans celui-ci) dans les États allemands et italiens.

- Dans certains cas, les républicains parviennent même à prendre le pouvoir (Venise, Rome).

- En Autriche, la révolution contraint Metternich, au pouvoir depuis 1809, à l’exil pour l’Angleterre.

Mais les enthousiasmes libéraux et nationaux ne reposent que sur une élite étroite. Si, dans les grandes villes, une partie du petit peuple urbain est gagnée à l’idée nationale, les paysans ne participent guère. Parfois les notables libéraux eux-mêmes craignent les risques de subversion sociale. Ainsi en France, où la province regarde avec effroi la révolution parisienne et ses velléités sociales ; les ouvriers rassemblés dans les Ateliers nationaux sont massacrés dès juin 1848, et les notables espèrent que Louis Napoléon Bonaparte, qu'ils font élire président de la République en décembre 1848, saura rétablir l'ordre. En deux temps, décembre 1851 puis décembre 1852, le « prince-président » rétablit l'Empire et étouffe les libertés.

Le reflux de la Révolution est rapide dans le reste de l'Europe :

Frédéric-Guillaume refuse en 1849 la couronne d'empereur allemand parce qu'elle lui est offerte par un parlement élu.

- Dans l'empire des Habsbourg, le nouvel empereur François-Joseph (1848-1916) réprime les insurrections

Certaines libertés – droit de parole, de réunion, d’association – sont accordées. Les libéraux sont satisfaits, les nationalistes se retrouvent seuls et perdent face à l'armée autrichienne qui écrase la révolution à Prague en juin 1848 et à Vienne en octobre 1848. L’unité de l’empire est préservée et l’empereur François-Joseph affermi. Il parvient également à limiter les ambitions de la Prusse et des Allemands nationalistes.

L'aide de la Russie, rempart des couronnes, lui permet d'écraser la révolte des Hongrois de Kossuth.

Enfin les Autrichiens réoccupent la péninsule italienne et une armée française, en 1849, fait disparaître la République romaine de Mazzini ; en 1850, le pape Pie IX restaure son pouvoir sur les États pontificaux.

L’Autriche garde donc son influence et contrôle l’ordre européen.

🡺L'ordre ancien semble partout rétabli.

L’échec des révolutions n’est pourtant pas total. Outre le maintien de certaines réformes libérales (le Piémont-Sardaigne et la Prusse conservent leur constitution), le « Printemps des peuples » (1848) a prouvé la fragilité de certaines monarchies.

Conclusion

La période qui court de 1815 à 1848 est donc traversée en France et en Europe par l’affrontement entre les forces favorables au maintien de l’ordre monarchique traditionnel et les partisans de changements politiques en faveur des nationalités et des libertés. Les changements sont le reflet de l’évolution de ce rapport de forces.

En 1848, la révolution qui a lieu à Paris contribue à renverser définitivement la monarchie et permet l’instauration d’une République, ce qui ne se produit nulle par ailleurs lors des révolutions européennes de cette même année.

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