🎙️ Analyse linéaire (10 minutes)
🎯 Introduction (1 minute)
Ce texte est extrait de Sido (1930), une œuvre de Colette où l’autrice rend hommage à sa mère, surnommée « Sido ». Cette évocation mêle souvenir personnel et portrait poétique. Dans ce passage, Colette décrit une scène où sa mère observe un merle dans un cerisier, incarnant une forme d’élévation spirituelle et de communion avec la nature.
Problématique : Comment ce portrait révèle-t-il une figure de femme libre, poétique et en communion avec le monde naturel ?
📌 I. Une évocation biographique stylisée (lignes 1 à 4)
« Au vrai, cette Française vécut son enfance dans l’Yonne… »
- Registre biographique : Colette commence par retracer la vie de sa mère (enfance, adolescence, mariages). L’ancrage réaliste donne une assise à son portrait.
- Tonalité affectueuse et admirative : « Je la chante », « je célèbre » → l’autrice se place en poète, elle loue sa mère comme une muse ou une divinité.
- Clarté originelle vs. le commun des mortels : opposition entre une lumière pure (propre à Sido) et la médiocrité ordinaire → valorisation d’un esprit libre et supérieur.
Idée principale : Sido est présentée dès le départ comme une figure singulière, poétique, presque sacrée.
📌 II. Une scène pittoresque et poétique : l’observation du merle (lignes 5 à 13)
« Je l’ai vue suspendre, dans un cerisier… »
- Scène ancrée dans la nature : Le jardin, le cerisier, l’épouvantail – un décor rural et familier.
- Humour léger et pittoresque : « déguiser ses cerisiers en vieux chemineaux » → touche folklorique.
- Suspension du temps : « passionnément immobile », « la tête à la rencontre du ciel » → moment de contemplation quasi mystique.
« Chut !… Regarde… »
- Dialogue intime mère-fille : le murmure renforce la tendresse et la solennité de la scène.
- Description poétique du merle : couleurs précises, gestes fins et presque humains → émerveillement face à la nature.
Idée principale : cette scène révèle l’attention extrême, l’amour du vivant, et l’émerveillement que Sido éprouve pour le monde naturel.
📌 III. Une figure de femme libre, anticonformiste, presque mystique (lignes 14 à la fin)
« Mais, maman, les cerises ! »
- La fille rappelle l’enjeu matériel, utilitaire (sauver les fruits), mais la mère s’en détache.
- « Ah ! oui, les cerises… » : Sido revient à la réalité presque à contrecœur → elle vit ailleurs, dans une sphère plus haute.
« Frénésie riante », « mépris universel », « dédain dansant »…
- Champ lexical de la liberté intérieure : Sido s’élève au-dessus des contingences.
- « Bond vers le haut », « une loi écrite pour elle seule » → Sido suit sa propre vérité, sa propre morale.
Idée principale : Colette interprète l’attitude de sa mère comme l’expression d’une quête d’absolu, d’indépendance spirituelle.
🎯 Conclusion (1 minute)
Dans ce texte, Colette dresse un portrait subtil et admiratif de sa mère. À travers une scène quotidienne, elle révèle la sensibilité, l’esprit libre et la communion spirituelle de Sido avec la nature. Ce récit autobiographique devient un hymne à la liberté intérieure et à l’émancipation poétique d’une femme hors du commun.
Ouverture possible : On peut rapprocher ce portrait d’autres figures féminines libres dans la littérature, comme celle de la grand-mère dans Vipère au poing d’Hervé Bazin (en opposition cette fois) ou de certaines héroïnes naturalistes.
