Biographie :
Genèse et caractéristique de l'oeuvre :
Contexte historique :
Contexte littéraire :
Structure du recueil Alcools :
En 1901, à la suite de son voyage en Rhénanie, Apollinaire souhaite publier un recueil sous le titre de Vent du Rhin. Malheureusement, il ne trouve pas d'éditeur. Il publie ensuite des poèmes dans des revues, au fil de leurs écriture. C'est en 1912, sous l'influence de Marie Laurencin, qu'il décide de rassembler les poèmes qu'il a écrit depuis 1898 de manière à proposer à nouveau un recueil à un éditeur. Le Mercure de France accepte ce livre alors intitulé Eau de vie dont la tonalité est élégiaque. Il vient de rompre avec Marie Laurencin et place en tête de ce recueil "La chanson du mal-aimé".
Toutefois, durant l'hiver 1912, alors qu'il est en train de relire les épreuves de l'ouvrage, il assite à la lecture par Blaise Cendrars de La Prose du transsibérien. Il est bouleversé par la modernité de cette oeuvre et décide de modifier en profondeur son recueil à paraître. Il changera le titre du recueil pour Alcools en supprimant toutes les ponctuations dans ses poèmes.
Le recueil refuse toute forme d'organisation évidente : il ne présente pas d'organisation chronologique. En revanche, on peut noter une ouverture et un final forts, destinés à marquer les esprits et à imprimer un sens à l'ensemble. On peut également repérer des lignes de constructions, mais Apollinaire refuse d'en souligner une au détriment des autres. Aucune ne fonctionne pleinement. Le poète joue sans cesse ainsi entre ordre et désordre. Il alterne poèmes courts et poèmes longs (Annie puis La maison des morts puis Clotilde puis le Cortège), il alterne les poèmes en vers libres et les poèmes en vers réguliers (Cortège en vers libre ; Marizibill en octosyllabes ; Le voyageur en vers libres ou encore Marie en octosyllabes.
Thème clés :
L'alcool est présent sous plusieurs formes dans le recueil. Au sens premier du terme, on trouve l'ivresse dans "Zone", les brasseries ou les vignes rhénanes... On le trouve également sous la forme d'image poétique : "Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire" dans "Nuit rhénane".
De façon métaphorique, il rappelle le "Enivrez-vous" de Beaudelaire et évoque l'enthousiasme de la création. Le poète trouve dans sa curiosité la force d'écrire, l'Alcool est même assimilé par Apollinaire à la vie même.
Apollinaire évoque en particulier dans ses poèmes l'échec de ses relations amoureuses avec Annie Playden ou Marie Laurencin. Ainsi, "L'émigrant de Landor Road" porte le nom de la rue où habitait Annie Playden quand le poète l'a poursuivie jusqu'à Londres. Toutefois, au delà de la dimension autobiographique, intime ou personnelle, les poèmes acquièrent une universalité qui touche le lecteur. En se peignant comme le "mal-aimé", Apollinaire présente l'amour comme éphémère ("L'amour s'en va comme cette eau courante / L'amour s'en va"), du fait de l'inconstance des femmes. De plus, ) côté des figures aimées mais dédaigneuses, les poèmes mentionnent de nombreuses prostituées, figures d'une relation de courte durée. Il donne donc à ses poèmes une tonalité élégiaque et pleure sur un passé révolu. Sa mélancolie s'exprime dans des paysages-états d'âme. Si le printemps est associé à l'éclosion de l'amour, l'automne exprime la perte et la souffrance.
Avec la mélancolie et le poids des souvenirs, vient la tentation de la mort, qui apparaît sous la forme de rencontres macabres. ¨Parmi elles, on trouve des noyées, des ombres ou même des familles entières.
Apollinaire apprécie tout particulièrement les innovations technologiques qui modifient la ville et donnent à Paris un nouveau visage. Il s'inscrit dans une tradition inaugurée par Baudelaire avec Les Petits poèmes en prose ou le Spleen de Paris. Ainsi dans "Zone", il évoque les voitures, et les autobus mais aussi les avions. Il est attentif à la modification du paysage urbain et aux rues nouvelles qui apparaissent, notamment dans les banlieues, comme Auteuil. Il est d'ailleurs à noter que "Zone" n'a pas ici de sens négatif.
Apollinaire ne se contente pas de célébrer la modernité dans sa dimension technologique. Il regarde avec intérêts les nouvelles classes sociales qui apparaissent. La modernité ne transforme pas seulement le paysage mais aussi les habitants.
Enfin, et c'est sans doute là le plus marquant, la modernité s'empare de l'écriture poétique. On note dans la description de la ville une nouvelle forme de poésie. Apollinaire doit donc mettre sa propre écriture au diapason. Ainsi, il introduit un vocabulaire familier et contemporain dans ses vers. De plus, il renouvelle donc l'écriture poétique par la suppression de la ponctuation et l'utilisation de vers libres ; par des images surprenantes qui captent l'attention du lecteur comme des affiches sur un mur.
Apollinaire même différentes sources d'inspirations, reflets de ses voyages et de sa culture personnelle. Il se livre à un travail de réécriture afin d'exprimer une version personnelle du mythe tout en donnant une dimension universelle à l'expression de ses sentiments. Parmi plusieurs mythes antiques évoqués dans le recueil, on peut mentionner le mythe d'Orphée. Ce dernier est depuis l'antiquité la figure par excellence du poète, susceptible de charmer les hommes, les dieux et la nature par son chant. Apollinaire y fait allusion dans "La chanson du mal-aimé". Dans ce même poème, Apollinaire évoque Ulysse, héros de l'Odyssée.
Les références judéo-chrétiennes sont également nombreuses. Mentionnons par exemple Salomé qui danse pour Hérode afin d'obtenir la tête de Jean-Baptiste. La passion de Christ est présente dans plusieurs poèmes pour évoquer les souffrances du poètes (" J'ai veillé trente nuits sous les lauriers roses / As-tu sué du sang Christ dans Gethsémani").
Les légendes folkloriques sont également nombreuses avec les références médiévales découvertes dans l'adolescence et surtout les légendes germanique apprises lors du voyage en Rhénanie. Ainsi la Loreley, personnage maléfique qui met les hommes à mort par sa beauté, permet à Apollinaire d'évoquer ses amours malheureuses.
Biographie :
Genèse et caractéristique de l'oeuvre :
Contexte historique :
Contexte littéraire :
Structure du recueil Alcools :
En 1901, à la suite de son voyage en Rhénanie, Apollinaire souhaite publier un recueil sous le titre de Vent du Rhin. Malheureusement, il ne trouve pas d'éditeur. Il publie ensuite des poèmes dans des revues, au fil de leurs écriture. C'est en 1912, sous l'influence de Marie Laurencin, qu'il décide de rassembler les poèmes qu'il a écrit depuis 1898 de manière à proposer à nouveau un recueil à un éditeur. Le Mercure de France accepte ce livre alors intitulé Eau de vie dont la tonalité est élégiaque. Il vient de rompre avec Marie Laurencin et place en tête de ce recueil "La chanson du mal-aimé".
Toutefois, durant l'hiver 1912, alors qu'il est en train de relire les épreuves de l'ouvrage, il assite à la lecture par Blaise Cendrars de La Prose du transsibérien. Il est bouleversé par la modernité de cette oeuvre et décide de modifier en profondeur son recueil à paraître. Il changera le titre du recueil pour Alcools en supprimant toutes les ponctuations dans ses poèmes.
Le recueil refuse toute forme d'organisation évidente : il ne présente pas d'organisation chronologique. En revanche, on peut noter une ouverture et un final forts, destinés à marquer les esprits et à imprimer un sens à l'ensemble. On peut également repérer des lignes de constructions, mais Apollinaire refuse d'en souligner une au détriment des autres. Aucune ne fonctionne pleinement. Le poète joue sans cesse ainsi entre ordre et désordre. Il alterne poèmes courts et poèmes longs (Annie puis La maison des morts puis Clotilde puis le Cortège), il alterne les poèmes en vers libres et les poèmes en vers réguliers (Cortège en vers libre ; Marizibill en octosyllabes ; Le voyageur en vers libres ou encore Marie en octosyllabes.
Thème clés :
L'alcool est présent sous plusieurs formes dans le recueil. Au sens premier du terme, on trouve l'ivresse dans "Zone", les brasseries ou les vignes rhénanes... On le trouve également sous la forme d'image poétique : "Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire" dans "Nuit rhénane".
De façon métaphorique, il rappelle le "Enivrez-vous" de Beaudelaire et évoque l'enthousiasme de la création. Le poète trouve dans sa curiosité la force d'écrire, l'Alcool est même assimilé par Apollinaire à la vie même.
Apollinaire évoque en particulier dans ses poèmes l'échec de ses relations amoureuses avec Annie Playden ou Marie Laurencin. Ainsi, "L'émigrant de Landor Road" porte le nom de la rue où habitait Annie Playden quand le poète l'a poursuivie jusqu'à Londres. Toutefois, au delà de la dimension autobiographique, intime ou personnelle, les poèmes acquièrent une universalité qui touche le lecteur. En se peignant comme le "mal-aimé", Apollinaire présente l'amour comme éphémère ("L'amour s'en va comme cette eau courante / L'amour s'en va"), du fait de l'inconstance des femmes. De plus, ) côté des figures aimées mais dédaigneuses, les poèmes mentionnent de nombreuses prostituées, figures d'une relation de courte durée. Il donne donc à ses poèmes une tonalité élégiaque et pleure sur un passé révolu. Sa mélancolie s'exprime dans des paysages-états d'âme. Si le printemps est associé à l'éclosion de l'amour, l'automne exprime la perte et la souffrance.
Avec la mélancolie et le poids des souvenirs, vient la tentation de la mort, qui apparaît sous la forme de rencontres macabres. ¨Parmi elles, on trouve des noyées, des ombres ou même des familles entières.
Apollinaire apprécie tout particulièrement les innovations technologiques qui modifient la ville et donnent à Paris un nouveau visage. Il s'inscrit dans une tradition inaugurée par Baudelaire avec Les Petits poèmes en prose ou le Spleen de Paris. Ainsi dans "Zone", il évoque les voitures, et les autobus mais aussi les avions. Il est attentif à la modification du paysage urbain et aux rues nouvelles qui apparaissent, notamment dans les banlieues, comme Auteuil. Il est d'ailleurs à noter que "Zone" n'a pas ici de sens négatif.
Apollinaire ne se contente pas de célébrer la modernité dans sa dimension technologique. Il regarde avec intérêts les nouvelles classes sociales qui apparaissent. La modernité ne transforme pas seulement le paysage mais aussi les habitants.
Enfin, et c'est sans doute là le plus marquant, la modernité s'empare de l'écriture poétique. On note dans la description de la ville une nouvelle forme de poésie. Apollinaire doit donc mettre sa propre écriture au diapason. Ainsi, il introduit un vocabulaire familier et contemporain dans ses vers. De plus, il renouvelle donc l'écriture poétique par la suppression de la ponctuation et l'utilisation de vers libres ; par des images surprenantes qui captent l'attention du lecteur comme des affiches sur un mur.
Apollinaire même différentes sources d'inspirations, reflets de ses voyages et de sa culture personnelle. Il se livre à un travail de réécriture afin d'exprimer une version personnelle du mythe tout en donnant une dimension universelle à l'expression de ses sentiments. Parmi plusieurs mythes antiques évoqués dans le recueil, on peut mentionner le mythe d'Orphée. Ce dernier est depuis l'antiquité la figure par excellence du poète, susceptible de charmer les hommes, les dieux et la nature par son chant. Apollinaire y fait allusion dans "La chanson du mal-aimé". Dans ce même poème, Apollinaire évoque Ulysse, héros de l'Odyssée.
Les références judéo-chrétiennes sont également nombreuses. Mentionnons par exemple Salomé qui danse pour Hérode afin d'obtenir la tête de Jean-Baptiste. La passion de Christ est présente dans plusieurs poèmes pour évoquer les souffrances du poètes (" J'ai veillé trente nuits sous les lauriers roses / As-tu sué du sang Christ dans Gethsémani").
Les légendes folkloriques sont également nombreuses avec les références médiévales découvertes dans l'adolescence et surtout les légendes germanique apprises lors du voyage en Rhénanie. Ainsi la Loreley, personnage maléfique qui met les hommes à mort par sa beauté, permet à Apollinaire d'évoquer ses amours malheureuses.