Introduction
PG :
Baudelaire est un poète du XIX° qui a connu les influences romantique et parnassienne, il est considéré comme un poète moderne. En 1857, publication du recueil Les Fleurs du mal : titre paradoxal à l’image de sa conception de la poésie : extraire la beauté du mal. Le recueil connaît un procès pour outrage à la morale et aux bonnes mœurs : certaines pièces sont alors interdites.
Situation et enjeux du texte :
La section « Tableaux parisiens » commence par le poème « Paysage » qui s’ouvre sur le pronom je : figure du poète, surplombant la ville « du haut de sa mansarde » (v.5), isolé, laissant libre cours à son imagination. Dans « Le Soleil », 2ème poème de la section, sans se mêler à la foule, le poète est descendu dans la rue, magnifiée par « le soleil » qui donne son titre au poème et qui inspire à l’écrivain une réflexion sur la création. Composition en 3 strophes : 2 huitains et un quatrain en rimes suivies et en alexandrins.
Projet de lecture : En quoi le rayonnement du soleil, à l’image de la mission du poète, est-il capable de métamorphoser le quotidien pour le rendre beau ?
Premier huitain
- le poème s’ouvre sur la description d’un « faubourg », lieu entre la ville et la campagne Connotations négatives cf lexique « vieux », « masures », « secrètes luxures ». =décrépitude morale : le vice que le soleil va dévoiler =>le délabrement de la ville gagne le vers 2 (rejet)
- une fois le cadre planté (comme un tableau), v3 : apparition du soleil connoté négativement « cruel » + « frappe à traits redoublés » = idée d’acharnement, violence. Rythme binaire, parallélisme de construction du vers 4 qui montre l’omnipotence du soleil : « Sur la ville et les champs, / sur les toits et les blés ».
- v 5 : après le cadre et l’introduction du soleil, le « Je » apparaît : « fantasque escrime » périphrase pour désigner la création poétique, idée de combat au premier abord.
- v6 à 8 : le poète apparaît comme un promeneur qui explore les marges de la société : cf les 3 participes présents au début des 3 vers : « flairant » (on pense au fleuret, cf sonorités similaires), « trébuchant », « heurtant » montrent le poète marginal et maladroit : le premier renvoie à l’importance accordée aux sens, le 2° renvoie au fait de perdre l’équilibre, d’être arrêté par une difficulté (obstacles de la création poétique) et « heurter » signifier buter, se cogner contre quelque chose mais aussi rencontrer, atteindre au double sens de tomber sur, c’est le verbe du choc mais c’est aussi celui de la rencontre. Les termes « rimes », « mots », « vers » confirment la mise en abyme de la création poétique. [Rappel de la définition d’une mise en abyme : procédé littéraire emprunté à la peinture et qui consiste à placer dans l’œuvre principale une autre œuvre du même type pour créer un effet d’écho]
+ pour les obstacles de la création, voir : antithèse dans le choix des adverbes (« longtemps », « parfois ») au v8
Deuxième huitain
- 8 vers : 2 phrases de 4 vers chacune mais idée d’abondance, complexité des phrases.
- v9 : double périphrase pour désigner le soleil, périphrases laudatives à présent, importance du mot « chlorose » (en fin de vers) [= en médecine : Anémie causée par le manque de fer. = en botanique : Étiolement et jaunissement des végétaux dus au manque de chlorophylle.]
=> pouvoir de transfiguration du soleil qui est mis en exergue.
- soleil = source de vie, principe créateur « nourricier », v10 « éveille » (verbe d’action) et antithèse chère au poète « vers » et « roses » (= opposition entre le laid et le beau ; la mort et la vie) mis en lien par le « comme »
- v11 : pouvoir de métamorphose du soleil, toujours un verbe d’action (« éveille », « s’évaporer », « remplit ») en début de vers.
- v12 idem, 3° mouvement que le soleil opère, métaphore du miel (=élément riche et précieux)
- v13 et 14 commencent par le tour présentatif « C’est lui » ce qui le met à nouveau en valeur. Jeu d’antithèses à nouveau « rajeunit, gais et doux » en contraste avec « les porteurs de béquilles » : béquille terme trivial, peu poétique (cf goût de Baudelaire pour ceux qu’il appelle « les éclopés de la vie »).
- v15 encore un verbe d’action (« commande ») puis les deux infinitifs « croître » et « mûrir » qui renvoient à l’idée d’abondance, d’âge d’or.
- v16 l’enthousiasme du poète s’exprime par la ponctuation expressive (point d’exclamation) périphrase(désignant la Terre : « toujours veut fleurir ») + métaphore (de la vie, éternel recommencement : « cœur immortel ») : alliance de l’éphémère et de l’immuable
Quatrain final
- v17 : « ainsi qu’» permet de mettre en place la comparaison soleil-poète tous deux capables de métamorphoser la banalité du quotidien pour le rendre beau.
- v18 : « ennoblit » antithèse avec « les choses les plus viles » (notons la rime « villes » et « viles »), on est bien dans l’esthétique de la boue et de l’or.
- v19 et 20 : présentation méliorative, terme « roi » + insistance sur la simplicité à travers les restrictions : « sans … sans » ;
+antithèse finale « sans » et « tout » : une dernière fois le poète insiste sur le pouvoir du soleil/du poète
Conclusion
Pour ouvrir la section « Tableaux parisiens », Baudelaire choisit un poème qui met en lumière la réalité triviale et repoussante de la ville. Mais il ne s’attarde pas sur le Paris sale et dégradé mais lui préfère des images solaires mélioratives. Le soleil semble métamorphoser les bas-fonds de Paris comme le poète transfigure le laid par l’écriture poétique. Le soleil, comparé au poète dans la strophe finale, apparaît quasiment comme une allégorie de ce dernier. Le poète est un promeneur errant disposé à se laisser surprendre et on peut y lire la modernité de Baudelaire qui inclut dans ses textes une réflexion sur l’acte poétique.
Ouverture
-autre poème dans lequel le soleil est évoqué, « Harmonie du soir », p.77
-autres poèmes de la section : « Les petites vieilles », « Les aveugles » = le sort des délaissés
Introduction
PG :
Baudelaire est un poète du XIX° qui a connu les influences romantique et parnassienne, il est considéré comme un poète moderne. En 1857, publication du recueil Les Fleurs du mal : titre paradoxal à l’image de sa conception de la poésie : extraire la beauté du mal. Le recueil connaît un procès pour outrage à la morale et aux bonnes mœurs : certaines pièces sont alors interdites.
Situation et enjeux du texte :
La section « Tableaux parisiens » commence par le poème « Paysage » qui s’ouvre sur le pronom je : figure du poète, surplombant la ville « du haut de sa mansarde » (v.5), isolé, laissant libre cours à son imagination. Dans « Le Soleil », 2ème poème de la section, sans se mêler à la foule, le poète est descendu dans la rue, magnifiée par « le soleil » qui donne son titre au poème et qui inspire à l’écrivain une réflexion sur la création. Composition en 3 strophes : 2 huitains et un quatrain en rimes suivies et en alexandrins.
Projet de lecture : En quoi le rayonnement du soleil, à l’image de la mission du poète, est-il capable de métamorphoser le quotidien pour le rendre beau ?
Premier huitain
- le poème s’ouvre sur la description d’un « faubourg », lieu entre la ville et la campagne Connotations négatives cf lexique « vieux », « masures », « secrètes luxures ». =décrépitude morale : le vice que le soleil va dévoiler =>le délabrement de la ville gagne le vers 2 (rejet)
- une fois le cadre planté (comme un tableau), v3 : apparition du soleil connoté négativement « cruel » + « frappe à traits redoublés » = idée d’acharnement, violence. Rythme binaire, parallélisme de construction du vers 4 qui montre l’omnipotence du soleil : « Sur la ville et les champs, / sur les toits et les blés ».
- v 5 : après le cadre et l’introduction du soleil, le « Je » apparaît : « fantasque escrime » périphrase pour désigner la création poétique, idée de combat au premier abord.
- v6 à 8 : le poète apparaît comme un promeneur qui explore les marges de la société : cf les 3 participes présents au début des 3 vers : « flairant » (on pense au fleuret, cf sonorités similaires), « trébuchant », « heurtant » montrent le poète marginal et maladroit : le premier renvoie à l’importance accordée aux sens, le 2° renvoie au fait de perdre l’équilibre, d’être arrêté par une difficulté (obstacles de la création poétique) et « heurter » signifier buter, se cogner contre quelque chose mais aussi rencontrer, atteindre au double sens de tomber sur, c’est le verbe du choc mais c’est aussi celui de la rencontre. Les termes « rimes », « mots », « vers » confirment la mise en abyme de la création poétique. [Rappel de la définition d’une mise en abyme : procédé littéraire emprunté à la peinture et qui consiste à placer dans l’œuvre principale une autre œuvre du même type pour créer un effet d’écho]
+ pour les obstacles de la création, voir : antithèse dans le choix des adverbes (« longtemps », « parfois ») au v8
Deuxième huitain
- 8 vers : 2 phrases de 4 vers chacune mais idée d’abondance, complexité des phrases.
- v9 : double périphrase pour désigner le soleil, périphrases laudatives à présent, importance du mot « chlorose » (en fin de vers) [= en médecine : Anémie causée par le manque de fer. = en botanique : Étiolement et jaunissement des végétaux dus au manque de chlorophylle.]
=> pouvoir de transfiguration du soleil qui est mis en exergue.
- soleil = source de vie, principe créateur « nourricier », v10 « éveille » (verbe d’action) et antithèse chère au poète « vers » et « roses » (= opposition entre le laid et le beau ; la mort et la vie) mis en lien par le « comme »
- v11 : pouvoir de métamorphose du soleil, toujours un verbe d’action (« éveille », « s’évaporer », « remplit ») en début de vers.
- v12 idem, 3° mouvement que le soleil opère, métaphore du miel (=élément riche et précieux)
- v13 et 14 commencent par le tour présentatif « C’est lui » ce qui le met à nouveau en valeur. Jeu d’antithèses à nouveau « rajeunit, gais et doux » en contraste avec « les porteurs de béquilles » : béquille terme trivial, peu poétique (cf goût de Baudelaire pour ceux qu’il appelle « les éclopés de la vie »).
- v15 encore un verbe d’action (« commande ») puis les deux infinitifs « croître » et « mûrir » qui renvoient à l’idée d’abondance, d’âge d’or.
- v16 l’enthousiasme du poète s’exprime par la ponctuation expressive (point d’exclamation) périphrase(désignant la Terre : « toujours veut fleurir ») + métaphore (de la vie, éternel recommencement : « cœur immortel ») : alliance de l’éphémère et de l’immuable
Quatrain final
- v17 : « ainsi qu’» permet de mettre en place la comparaison soleil-poète tous deux capables de métamorphoser la banalité du quotidien pour le rendre beau.
- v18 : « ennoblit » antithèse avec « les choses les plus viles » (notons la rime « villes » et « viles »), on est bien dans l’esthétique de la boue et de l’or.
- v19 et 20 : présentation méliorative, terme « roi » + insistance sur la simplicité à travers les restrictions : « sans … sans » ;
+antithèse finale « sans » et « tout » : une dernière fois le poète insiste sur le pouvoir du soleil/du poète
Conclusion
Pour ouvrir la section « Tableaux parisiens », Baudelaire choisit un poème qui met en lumière la réalité triviale et repoussante de la ville. Mais il ne s’attarde pas sur le Paris sale et dégradé mais lui préfère des images solaires mélioratives. Le soleil semble métamorphoser les bas-fonds de Paris comme le poète transfigure le laid par l’écriture poétique. Le soleil, comparé au poète dans la strophe finale, apparaît quasiment comme une allégorie de ce dernier. Le poète est un promeneur errant disposé à se laisser surprendre et on peut y lire la modernité de Baudelaire qui inclut dans ses textes une réflexion sur l’acte poétique.
Ouverture
-autre poème dans lequel le soleil est évoqué, « Harmonie du soir », p.77
-autres poèmes de la section : « Les petites vieilles », « Les aveugles » = le sort des délaissés